By Shiraz Rimer, Year 11
M. Phillips est un professeur de mathématique à l’Ecole Secondaire, ça vous le savez sans doute! Mais saviez vous que lui aussi était élève à l’Ecolint il y a quelques temps ? Dans cette interview, Mr. Phillips nous explique comment l’école a changé, il nous parle de sa carrière en tant qu’ingénieur civil et de ce qu’il met sur sa pizza!
1. Vous étiez à l’Ecolint? Parlez-moi de votre expérience à l’Ecolint. Est-ce que ça a beaucoup changé ?
Oui, j’ai été élève de l’Ecolint au tout début des années 70 lorsque l’école primaire se trouvait dans des petites constructions en bois à la Gradelle. Ensuite entre 1977 et 1985, date à laquelle j’ai passé le BI. Outre la croissance de la population d’élèves, le grand changement qui a eu lieu est la fusion ou “intégration” entre le “côté anglais” et le “côté français” de l’école. Celui-ci a eu lieu peu avant le changement de millénaire. Il faut se rendre compte qu’à l’époque, francophones et anglophones étaient géographiquement séparés et se toisaient avec suspicion… (les francophones étaient au ‘Château’). On peut également remarquer que l’origine du corps enseignant s’est modifiée. A l’époque, les professeurs provenaient surtout de Grande-Bretagne (et Commonwealth), des Etats-Unis et du Canada. Maintenant, ils reflètent un peu mieux la diversité de nos élèves.
A part ça, je me souviens de parties de foot pendant les récréations. Le terrain n’était bien sûr pas en matière synthétique et devenait un bourbier à chaque pluie. Les professeurs nous voyaient revenir en classe avec un
certain effroi ! Depuis cette époque le campus est devenu plus ‘manucuré’.
2. Aviez-vous une autre profession avant d’être professeur de mathématique?
Oui, j’ai passé 8 ans comme Ingénieur Civil. J’ai travaillé sur des grands projets d’infrastructure autoroutiers et ferroviaires en Suisse Romande, et aussi sur des constructions plus modestes comme par exemple l’extension des bâtiments du comité International Olympique à Lausanne. La formation d’Ingénieur, très rigoureuse, et la pratique où il faut être prudent mais quand même économe (de l’argent des clients) m’ont énormément
apporté. Il fallait résoudre des problèmes compliqués, souvent en équipe, et fournir des prestations de grande qualité. Comme disait notre patron, “Faites de votre mieux, ça sera tout juste suffisant”. C’était la qualité
Suisse en action…
Comme anecdote, je me souviens d’avoir calculé une paroi ancrée de 30 m de haut en rocher (quelque chose d’un peu inhabituel) au pied de laquelle devaient travailler des ouvriers pendant plusieurs années. J’ai eu par la
suite quelques nuits difficiles imaginant une rupture catastrophique de la paroi. Heureusement tout s’est bien passé. Nous n’étions (heureusement) plus au début du siècle, quand on acceptait 10% de ‘pertes’ parmi les
ouvriers des chantiers de grands travaux !
3. Qu’est-ce que vous aimez le plus dans l’enseignement ?
Il y a bien sûr le contact avec les élèves qui est le point positif majeur. Je suis toujours très touché lorsque des anciens élèves reviennent après quelques années et vous disent que vous leur avez apporté quelque chose. Ils
se souviennent d’ailleurs plutôt de méthodes de travail, ou de la bonne ambiance qui régnait dans la classe. S’agissant de notions purement mathématiques, force est d’admettre qu’une bonne partie des élèves n’en ont
pas directement besoin pour la suite de leur cursus ou dans leur vie professionnelle. Ce n’est donc d’habitude pas pour ça qu’ils reviennent vous remercier.
Autre chose que j’apprécie particulièrement dans l’enseignement est qu’il s’apparente à un jeu d’échecs. La méthode la plus directe n’est pas toujours la meilleure pour transmettre des notions qui seront véritablement et durablement maitrisées par les élèves. Il faut, à mon sens, trouver des moyens pour que les élèves acquièrent les connaissances par des étapes successives simples et bien pensées. Idéalement ils arrivent eux-mêmes, avec un peu d’aide, au résultat escompté. La mise en place de ce processus d’apprentissage requière une réflexion que j’apprécie bien.
4. Que pensez-vous du BI en tant qu’ancien élève, professeur et parents ?
Le BI est une très bonne formation qui m’a permis d’aller à l’EPFL et de survivre à l’année préparatoire (le Cours de Mathématiques Spéciales) sans trop de dégâts. En tant que parent de deux enfants qui ont passé le BI à
LGB, je trouve que la charge de travail est très dure à assumer pour certains enfants de cet âge, avec l’évaluation interne et les divers travaux à effectuer de façon individuelle. Ceci requière un niveau d’organisation et d’autodiscipline qui n’est pas donné à tout le monde. A mon époque, cet aspect n’était pas aussi important. On se concentrait surtout sur les examens finaux, en mai, et beaucoup moins sur l’évaluation en cours de programme, qui était moindre. Je trouve que le format de l’examen de maths est très bon et les programmes
variés et intéressants. L’approche de l’examen qui est plutôt de type ‘résolution de problèmes’ que purement théorique est assez bien apprécié et motivante pour les élèves. L’examen du BI en mathématiques n’est pas facile et on peut être sûr qu’un élève qui s’en sort bien, possède un bon niveau et est capable de synthétiser ses connaissances pour résoudre des problèmes qui sont parfois difficiles.
5. Quel sont les points négatifs de l’Ecolint ?
Il est difficile de voir des choses négatives dans l’Ecolint et qui soient spécifiques à notre école. Ecolint reflète le monde dans lequel nous évoluons et, ce qui pourrait avoir changé négativement depuis mon époque comme élève, n’est souvent dû qu’à cette tendance du changement de la société dans son ensemble. Notre école est certes un ilot de paix mais elle s’inscrit dans son pays d’accueil, la Suisse. Elle ne peut pas s’affranchir des conditions, qui sont devenues plus difficiles, régnant dans son environnement. Par contre, il y a des points très positifs selon moi comme par exemple les possibilités nouvelles que nous donne le Centre de Arts et les
intéressantes choses qui s’y déroulent comme par exemple la présentation de l’explorateur Bertrand Piccard à la fin avril.
Maintenant quelques questions rapides:
1. Qu’est-ce que vous mettez sur votre pizza?
Chanterelles à l’ail, difficile de faire mieux.
2. Si vous pouviez dîner avec n’importe qui, en vie ou décédé, qui serait-ce?
Nelson Mandela, sans hésitation. Pas très original, je sais, alors je prendrais avec moi le footballeur Eric Cantona. Un joueur fabuleux et un homme de justes convictions qui s’entendrait bien avec Mandela.
3. Quel est votre sport préféré ?
Le football, même s’il est maintenant totalement dénaturé par les enjeux financiers. D’ailleurs, j’aime autant aller au bord d’un terrain à l’atmosphère champêtre et regarder Puplinge–Choulex que de voir Real Madrid–Chelsea à la TV. Ça joue largement moins bien mais c’est infiniment plus authentique.
4. Une passion que vous avez ?
L’aviation, je pilote des petits avions à hélice depuis que j’ai 16 ans et cela est maintenant inscrit dans mon ADN.
5. Trois mots pour décrire l’Ecolint:
Une grande partie de ma vie. Ce qui fait 6 mots, mais pas tous les profs de maths savent compter…